Juliette et Victoria

Habillée dans mon uniforme de Cheerleader, j'attendais que la prof d'Anglais arrive pour nous faire cour. Il nous avait donné rendez-vous à la salle informatique pour un travail. En l'attendant à la porte j'étais adossée au mur en train de regarder mon téléphone,  jouant à Piano Tiles.

Comme à mon habitude, je me dépêchais pour arriver à l'heure en cours. Il faudrait que j'essaye de ne pas respecter les règles un jour... Il fallait juste que je décide quand c'était le bon moment. Inutile de me causer trop de problèmes le jour où je ferais ça. Enfin bref.
Quand j'arrivai, je remarquai la blonde la plus populaire du lycée. Même moi qui ne faisais pas attention à ces histoires de popularités et de réputations, je savais pour elle: Victoria. Ce que je ne savais pas, c'est s'il fallait que je lui parle ou non...

La prof arriva enfin, je soufflais et rangeais mon téléphone, je n'arrivais pas à battre mon record. J'étais peut-être trop pensive, quoi que lorsque j'étais trop pensive je gagnais, j'avais de meilleurs scores. Mais je ne voulais plus être autant pensive, on avait vu les ravages que ça avait fait sur moi. Et puis si je me mettais à trop réfléchir pour le moment je penserais à ce que j'ai fais, et je ne voulais pas. Il fallait que je passe à quelque chose, ils ne me pardonneraient pas de toutes façons, donc pourquoi passer mon temps à y réfléchir, à y penser ?
Je rentrais dans la salle, regardais qui il y avait comme élève. Pas de cheerleader avec qui je m'entendais particulièrement, pas de cheerleader tout court. Un basketteur, je n'avais rien contre eux, mais si j'allais avec lui, ce serait encore une sorte de trahison puisque Stan et mon groupe étaient contre les basketteurs, et niveau trahison je pense que j'avais mon compte ! Soufflant, je décidais d'aller me mettre dans un coin où personne ne s'était installé pour le moment, et sortis mes affaires que j'entreposais devant l'écran d'ordinateur.

La prof est arrivée et on est entré, tout le monde m'est passé devant comme d'habitude et il ne restait pas beaucoup de place finalement. Je me suis installée à un poste de Victoria, voulant lui laisser de l'espace. Elle avait l'air d'avoir volontairement choisi un endroit où il y avait peu de personnes... Je sortais tout de même mes affaires, attendant les instructions du prof comme la petite fille sage que j'étais tout le temps. Ce que j'aurais envie de partir là... Juste histoire d'enfreindre les règles. Mais je en savais pas ce que je ferais après être partie, je n'avais rien à faire. Alors autant ne pas bouger et faire ce qu'on me disait...

Je passais ma main sur mon visage que j'enfouis ensuite dans mes bras, m'allongeant à moitié. J'aurais aimé qu'un populaire soit là, je me serais sentie moins seule. Mais lequel aurait voulut être avec moi ? Ils me prenaient pour une traître et j'en avais été une. Je regardais la fille à côté de moi. Ma vie était plus calme quand j'étais comme elle, une petite intello qui obéissait à tout.

Elle m'adressait la parole ? Ça changeait, d'habitude les gens évitaient, tout comme j'évitais de le faire, pour ne pas perdre de temps, pour montrer que j'étais " au dessus " mais j'en avais marre depuis plusieurs mois de ce " au dessus ". Si je lui répondais ça engagerait sûrement une conversation, je n'étais pas vraiment sure de vouloir entamer une conversation réellement. Mais continuer d'être associable, j'en avais marre aussi. J'avais décidé d'être à nouveau correcte avec les gens, et j'allais le devenir !

- Ouais.. Je pense, tout dépend. Et toi ?

Elle n'avait pas l'air sûre. C'était bizarre quand on connaissait sa réputation : elle paraissait avoir toute confiance en elle, être sûre de ses choix, de ses actes et surtout de ses paroles...

_Tu.. Tu penses ? Et tout... tou-tout dépend de qu-quoi ? Moi j-je... Je vais bi-bien.

Apparemment, plus la réputation de la personne était grande, plus ma timidité augmentait... Merci la timidité ! Si je pouvais renaître dans un autre corps pour pouvoir tout refaire, changer mes choix et devenir... quelqu'un d'autre...

Je souris légèrement. L'an dernier la première personne que j'avais ridiculisé bégayait. En y repensant c'était mal de se moquer de quelqu'un de bègue ou de timide. Et encore une mauvaise chose. Bravo moi ! Ironique bien sur.

- Tout dépend de quel point vu je me regarde. Peu importe. T'as pas l'air très sure de toi.

_Com-comme tu veux. Non, je... Je ne le suis... pas. Et encore moins depuis... Depuis... Rien. C'est... Pas grave.

Depuis ce mec qui m'avait fait comprendre qu'aider quelqu'un ne servait à rien, sauf à recevoir une réprimande, en quelque sorte. Un gros Non en pleine tronche, avec la marque de ses doigts qui est restée quelques jours sur mon poignet...