Match de Football | Tout le monde est convié

La plupart des élèves avaient prit place dans les gradins, ils n'avaient jamais été aussi nombreux, les bancs n'avaient jamais étés aussi remplis. Les joueurs de foot étaient dans les vestiaires, toute l'équipe coupée en deux pour avoir deux équipes au complet pour ce soir, les cheerleaders attendaient patiemment devant les gradins qu'on leur donne le feu vert.
Un bruit retentit, les cheerleaders partaient en deux files indiennes de part et d'autre du terrain pour se retrouver ensuite sur une ligne, elles agitèrent leurs pompons en l'air et alors c'était à moi d'arriver. Je me plaçais au centre du terrain, un micro portable à la main, en plein centre de cette ligne de cheerleaders. Je regardais autour de moi, tous ces élèves que j'avais vu aller et venir dans les couloirs de ce qui fût autrefois le lycée que j'avais créé de mes propres mains, et qui maintenant, était devenu une université.
Je n'étais pas intimidé, je n'étais pas stressé, j'avais déjà parlé à toutes les assemblés qui se tenaient chaque année ici, j'annonçais parfois les matchs, je souhaitais toujours la bienvenue aux rendez-vous d'assemblée de la rentrée aux élèves. Pourtant, ce soir, c'était différent. Ils étaient tous là, tout ceux qui avaient pu venir. Ces élèves que j'ai vu rentrer d'une façon, et vu repartir d'une autre, tous contents ou non de leur séjour dans notre refuge, qui avaient forcément apprit quelque chose, et qui m'en avaient apprit aussi. Bien sûr, je ne pouvais me souvenir de tous ces visages, je les avais croisés toute la journée, pour participer aux festivités tant attendues, mais pourtant je ne me souvenais pas de la plupart des prénoms, même lorsqu'ils étaient venus souvent dans mon bureau. Ce soir, je ne parlais pas qu'à des nouveaux élèves pour une nouvelle rentrée, je les accueillaient tous à nouveau.

- Chers élèves, chers alumni, je vous remercie tous d'être ici ce weekend pour célébrer avec nous : l'équipe éducative, Mme McCulley - ma fidèle et éternelle amie sans qui cet endroit n'aurait jamais tenu plus d'un mois - et moi, les trois-cents ans de notre établissement, tantôt établissement supérieurs, tantôt un " hôpital pour blessés de guerre ", tantôt lycée, et maintenant université. C'est avec le coeur remplit que je suis heureux de tous vous accueillir à nouveau parmi nos murs. La plupart d'entre vous l'avez remarqués, cet endroit a bien changé, notamment dans son bâtiment principal, qui, il y a un peu plus de quinze ans maintenant, a brûlé, avec certains élèves et professeurs coincés à l'intérieur malheureusement, avec aussi les chasseurs qui nous ont attaqués. Chacun d'entre vous avez fait parti de cet endroit à chaque époque, et chacun d'entre vous y avez laissé une trace, ajoutant chacun votre pierre à l'édifice, laissant chacun d'entre vous une nouvelle expérience pour les générations qui vous ont suivies et qui continueront - je l'espère - de vous suivre.

Je marquais une pause, volontaire, dans mon monologue, alors que je parlais en me tournant à peu près avec la même intervalle de temps pour parler aux gradins des deux côtés. Grâce à ma vue vampirique, je pouvais apercevoir correctement les visages même les plus loin, tout en haut.

- Je vais vous demander maintenant de prendre une minute, et d'essayer de vous remémorer le moment où vous êtes arrivé ici, où vous avez passé le portail pour la première fois. De vous souvenir de ce que vous avez ressenti. Et rappelez-vous ensuite de lorsque vous êtes partis, après combien de temps. Des mois ? Des années ? Ce que ce refuge vous a apporté, ce qu'il vous est resté, ce que vous avez laissés derrière vous, et ce que vous êtes maintenant.

Je marquais une nouvelle pause, presqu'une minute, pour les laisser y penser dans le calme, ils ne le feraient peut-être pas tous, certains ne s'en rappelleraient peut-être pas. Mais j'aimais penser que s'ils étaient tous revenus, c'était pour une bonne raison, peu importe laquelle.

- Moi-même je me souviens parfaitement de l'établissement de ce qui a été pour vous, pour pleins d'autres, et pour moi-même, un refuge pendant trois siècles. Jamais ailleurs ça n'avait été fait. Lorsqu'à l'époque nous pouvions à peine sortir de la pénombre, lorsque les villageois étaient toujours des chasseurs en herbe, apeurés des légendes sur notre espèce. Lorsque nous devions nous cacher pour survivre. Lorsqu'il nous fallait un endroit pour vivre ensemble, à l'abris du monde extérieur. C'était, et c'est toujours dans ce but que cet endroit est là. Les temps ont peut-être changés, mais le monde extérieur n'est pas des plus cléments avec nous pour autant, chasseurs, sorcières et loups essayent de nous tuer, et quand à nous, nous leur rendons bien ! Et nous continueront ! Cet endroit n'a jamais été des plus cléments non plus, je l'accorde, nous avons nos méthodes pour aider les vampires les plus récalcitrants à apprendre à vivre en communauté, à se défaire de leurs démons intérieurs et de leurs envies incontrôlables. Nous sommes une race solitaire, nous ne vivons pas en meute, ni en coven. Nous devons apprendre à vivre par nous-mêmes mais aussi entre nous-mêmes. C'était, et ce sera toujours le but principal de cet endroit, avant même de vous donner un minimum d'enseignement. Pour ceux qui se posaient toujours la question ! Et je suis fier de dire que la plupart du temps, ça a fonctionné, nous vous avons aidés. Les addicts ont pu apprendre à se contrôler face à de simple poches et maintenant peuvent marcher dans la rue sans avoir envie d'attaquer tous les humains qu'ils croisent. Les plus solitaires, qui n'ont jamais pu vivre avec les-leurs, qui ont dû tout apprendre par eux-mêmes, ont pu connaitre ce que c'est que de vivre entourés de gens comme eux. Et ceux qui fuyaient n'ont plus à le faire maintenant.

Une nouvelle pause volontaire de quelques secondes, où je regarde toujours, sans flancher, cette assemblée de vieux et jeunes vampires que j'ai pu compter comme mes élèves. Certains visages me revenaient, je me souvenais les avoir croisés durant des années, mais ils étaient trop nombreux pour me souvenir réellement de chacun d'entre eux.

- En étant entre ces murs, vous avez pu rencontrer d'autres comme vous, vous en faire des amis, ou des ennemis. Nous avons vu des relations se faire, se défaire et se refaire autant de fois que nous avons eut des levers de soleil ! Certaines ont pu perdurer dans le temps, certaines ont peut-être reprit un nouveau départ aujourd'hui. Les choses n'ont pas toujours été dans votre sens, beaucoup de situations ont pu vous mettre au pied du mur, ont pu vous poussez à prendre des décisions que vous pensiez ne pas pouvoir prendre. Que vous les ayez acceptées ou non. Elles vous ont toutes conduites ici ce weekend. Il est temps pour moi de vous remercier une nouvelle fois, d'avoir fait de cet endroit ce qu'il est aujourd'hui, et de vous souhaiter un excellent match ! Si vous ne vous souvenez pas, après trois semaines d'entraînement intensif, nos joueurs forment une équipe, que l'on a scindée en deux ce soir pour qu'ils s'affrontent. L'équipe victorieuse déterminera qui seront nos joueurs principaux, ceux que nous verront toute la saison, et l'équipe perdante déterminera qui seront les remplaçants. Je suis ravi de vous voir si nombreux dans les gradins, alors que les affiches du match ont été arrachées des couloirs, pour être remplacées par des confettis et des tags à l'effigie de nos anciennes équipes. Je vous souhaite donc d'apprécier le match, mais avant ça je vous demande un tonnerre d'applaudissements pour nos cheerleaders qui vont commencer par leur numéro.

Je me courbais pour les remercier tous une dernière fois, d'un côté quelques secondes, puis de l'autre. J'étais réellement reconnaissant de la possibilité qu'ils avaient donné à cet endroit d'exister. Cet endroit n'aurait été qu'un édifice si ces centaines d'élèves n'avaient jamais mit les pieds ici et fait son histoire. Il y en avait eut des problèmes, entre les élèves surtout, beaucoup que nous n'avions jamais réussit à stopper, mais je ne regrettais rien, car nous les avions aidés. Ce endroit les avait challengé, et montrés à eux-mêmes qui ils étaient, qui ils sont.
Je me redressais, fis signe aux cheerleaders et quittais le terrain pour aller m'asseoir à ma place sur le premier banc, aux côté de Mme Mcculley, ma fidèle acolyte qui m'avait aidé à créer cet endroit et qui ne l'avait jamais quitté pour m'aider à le gérer. Nous avions commencé ensemble, et nous allions probablement être les deux dernières personnes à le quitter.
La musique se mettait en route et le numéro des cheerleaders commençait.