La Leçon de Piano | Victoria & Jade

Je la regardais et l'écoutais surtout me dire son petit poème improvisé et levais un sourcil arrivé à la moitié de ce dernier, je me demandais quand est-ce qu'elle s'arrêterait de parler. J'étais complètement pour la liberté d'expression pour chacun, et j'aimais les jolies phrases et la poésie, mais je devais avouer qu'entendre sa voix commençait à m'agacer, et c'était rare que ça arrive ! Et maintenant elle s'attendait à ce que je lui réponde de la même manière !

- Et puis quoi encore ? Je ne jouerais pas  à ton petit jeu.

J'allais retenter de partir mais je me décidais quand même de m'essayer à lui répondre. Parce que j'avais remarqué que ses vers n'avaient ni queue ni tête, elle enchaînait juste des phrases les unes après les autres en rythme en pensant m'impressionner, mais j'écoutais les mots, et je ne l'étais pas d'un poil. De toutes façons elle ne me laisserait aucune chance de partir, et je n'avais pas envie qu'elle se sente encore plus supérieur qu'elle ne se sentait déjà. J'aimais lire des livres, mais je n'étais pas spécialement quelqu'un de très créative, alors improviser un poème comme ça, à l'arrache, elle allait forcément gagner. Mais met-y un peu du tien Victoria, tu vas bien trouver quelque chose à lui répondre.

- Je pensais faire face à quelqu'un d'au moins aussi intelligent que la moyenne ; Mais à la vérité tu as autant d'intelligence que tes congénères ; Je vais être une bonne chrétienne ; Et donc te laisser t'en aller avant que ça ne dégénère.

Waw ! J'avais réussis à sortir quatre premiers vers avec des rimes pas trop mal, mais ça ne lui suffirait pas, je voyais à son regard que tout ça ça l'amusait et qu'elle me testait, elle n'en n'aurait jamais assez. J'avais toujours trouvé les Gamma Psi moins intelligents que les autres, parce qu'ils donnaient cette impression, ne pas écouter les cours et faire le plus de conneries pour se rendre intéressants, mais la plupart des gens qui voulaient se rendre intéressants c'était surtout pour combler quelque chose, pour que l'on ne s'arrête pas sur leurs défauts, ou sur un point qu'ils veulent éviter de partager.

- Je trouve ça triste que tu essayes de combler un vide ; C'est pourquoi tu essayes de jouer la caïd ; Mais honnêtement tu ne fais peur à personne ; Même si tu penses piquer comme une hérissonne.

Mais à quel moment je pouvais sortir des mots pareils ? Comment ça me venait ? Continues de réfléchir Victoria, si ça ne fonctionne pas sur elle et que ce ne sera peut-être pas aussi bien qu'elle, au moins tu réussis à te surpasser et même si on entend bien que tu ne maîtrises pas réellement ce que tu fais, tu t'étonnes toi-même ! Bien que tout ça ne soit que très puéril rien de plus.

- Tu essayes d'impressionner qui ? ; Tes petits camarades ne sont même pas là pour entendre ton spectacle ; Alors pitié retournes dans ton habitacle ; En sachant très bien que tu n'as rien conquis.

La plaisanterie avait assez duré, même si j'étais assez fière de moi, je ne voyais pas le plaisir qu'elle avait à faire ça. Et moi je n'avais pas eut besoin d'un stupide piano électrique où les sons n'étaient pas réels comme sur un vrai piano.

Tout ce que je voulais moi c'était être tranquille, je ne demandais rien à personne et pourtant je me retrouvais tout le temps en face de personnes qui ne désiraient que me ridiculiser ou m'embêter, c'était comme si on était dans une école primaire et que j'étais entourée d'enfants puérils sans une once d'intellect et de respect. Comme Jade.

- Un jour vous arrêterez de penser que le terme " intello " est une insulte plutôt qu'un compliment, soufflais-je en levant les yeux au ciel. J'suis contente pour toi si ça te fait plaisir de rabaisser les autres juste pour ton propre intérêt. Tu me fais juste pitié. C'est cool pour toi si tu ne fais pas ça pour un public, mais on sait toutes les deux que tu vas aller t'en vanter quelque part.

Et ça c'était vouloir un public, vouloir de la reconnaissance pour ce qu'elle faisait, pour ce qu'elle pensait être " cool ". Quand est-ce que la société avait pu devenir aussi cruelle et aussi favorable aux mauvaises actions ? Bien sûr que non je ne la taperais pas, je ne savais pas réellement frapper, ou rendre les coups. J'étais une demoiselle de bonne éducation, on nous apprenait à nous tenir droite et à ne pas jurer, on ne nous apprenait pas à frapper, c'était pour les vaut riens, les avortons, et pour les hommes aussi.

- Toujours dans le vulgaire. Comme c'est surprenant, répondis-je sarcastiquement.

J'entendais des pas qui approchaient. Je me demandais ce qu'elle allait faire. Je n'allais pas essayer de m'enfuir, d'en profiter, ou d'appeler à l'aide en espérant que l'on vienne m'aider. En plus c'était peut-être un de ses ami, une personne qui allait se délecter de la voir être contre moi à essayer de me rabaisser. Je n'avais pas besoin d'aide, peu importe comment ça se terminait.