Vicky et Angy

     Je m'assied sur une chaise en bois, en espérant sincèrement de tout mon coeur qu'elle ne se casse pas. Je n'étais pas super épaisse, ni super lourde, mais depuis le temps qu'elles étaient là, j'avais quand même des doutes sur leur résistance ! Je joignis mes mains sur mon ventre et eu envie de me balancer. Mais toujours avec ce problème de doute sur la résistance, je ne le fis pas. Je regardais les murs plus vieux que le lycée sûrement, avec un papier peint qui se déchirait au fil des années. Comment faisait-il pour rester ainsi ? Comment faisait-il pour rester sur le mur bien qu'il ne tenaient plus aussi bien au niveau des coins, qu'il se décollait de plus en plus. Ça me donnait envie de l'arranger. De me lever et d'aller arracher tout ce papier peint. Mais je continuais de regarder cette vieille cuisine, il y avait quand même une lampe à gaz, et un support pour bougies, ça allait parfaitement avec la maison ! Ça prouvait à quel point elle était vieille, et ça donnait une petite estimation de la maison.
     Au bout de plusieurs minutes qui me semblaient une éternité je pensais à Angelina. Au fait qu'elle était sûrement toujours là haut, à faire je ne sais quoi. Je me fichais de ce qu'elle faisait. Je me fichais de tout de toute façons. Qu'est-ce qui pouvait bien m'importait ? Qui pouvait bien m'importer ? Personne. Nan, même pas moi. Je me foutais de ce que pouvaient bien faire chaque membre du groupe. Qu'est-ce que je faisais encore avec eux ? Je les avais trahis pour Brandon, j'avais hypnotisé Ryan pour qu'il oublis pou la relation Brandekah. J'agissais  avec eux alors que je n'aurais pas supporté qu'on essaye de me séparer de Stan. Tout ça à cause des règles stupides mais utiles qui avaient étés instaurées il y avait des décennies. Je perdais Gynna car elle et moi changions. Et tout le monde me détestait.
     Mon regard finit par se poser sur la fenêtre, pleine de poussière, et de buée à cause du froid de l'hiver, et de la neige qui était tombée dans la matinée. Il y avait néanmoins un ovale où je pouvais voir le reflet d'une jeune femme aux cheveux blonds très longs, coiffés de tresses collées au crâne qui se terminaient par une tresse normale. Elle avait les yeux verts et étaient habillée telle une de ces jeunes filles que l'on partait chercher dans les pays pauvres et qu'on ramenait illégalement en leur promettant de leur donner du travail, et qui au final terminaient sur le bord des routes. Oui, elle s'habillait aussi court que ces pauvres filles. Elle n'avait aucune sensation dans le regard, pas de sentiments n'émanait d'elle. C'était triste dans un sens. Nan, ce n'était pas triste. Je ne pouvais pas me sentir triste pour elle. Et dire que cette fille c'était moi.
     En regardant dans le reflet mon propre reflet, je me rappelais de la citation " Le reflet est le miroir de l'âme ". Oui, j'avais une âme assez noire, surtout ces derniers temps, où je repoussais tout le monde, mes amis, mon mari, mon Clan. Et voilà que ça recommençait, je croisais à nouveau un miroir, un objet où je pouvais voir ce que j'étais. je pouvais me cacher tant que je le voulais derrière une réputation, derrière mes airs de pétasse, derrière mon Clan, derrière des insultes, mais je savais très bien qu'en regardant mon reflet, je verrais la vérité. Je verrais cette fille que je détestais, celle que j'étais devenue en rejoignant ce groupe, ce Clan. J'avais agis pendant deux ans et demi de manière à " mériter " ma place, me faire valoir auprès des gens afin d'avoir ce que je voulais. Tout ça n'était que mensonge. Lorsque je passais la porte de ce lycée, même pas la porte de l'Accueil ! Mais le portail d'entrée, je ne redevenais que ce mensonge ambulant remplit de haine. Tout ça pour rejeter la faute de mes problèmes sur les autres, tout ça pour ne pas penser à tout ce que j'avais loupé, tout ce que je pourrais avoir, tout ce à quoi je ne voulais pas penser.
     Comme par exemple ce qui ne tournait pas rond chez moi. J'avais passé tellement de temps à me le demander. Plusieurs jours passés à réfléchir, à rester en tête à tête avec moi-même, pour me poser la seule et unique question " Qu'est-ce qui cloche chez moi pour que je ne puisse pas passer au dessus de tout ça ? ". Je n'avais jamais réussi à vraiment me pardonner toutes mes erreurs. Même quand je pensais avoir enfin réussis après 60 ans à passer le cap, à me pardonner tous ces meurtres, ces monstruosités, je n'avais pas réellement réussis, car quelque chose me bloquait. Et j'ignorais toujours pourquoi. J'ignorais ce qui bloquait dans ma tête. J'ignorais par où chercher, aller sur quelle piste. C'était ainsi que mon pétage de câble avait commencé. C'était ainsi que j'avais décidé que tant que je ne saurais pas, que je ne trouverais pas, je changerais, avec moi-même, et avec les autres. Et je trouvais que ça m'avait plutôt réussis. Jusqu'à ce que mes sentiments s'éteignent d'eux-même, là je n'y pensais plus. Je m'acceptais et si je trouvais un jour ce qui clochait, ce qui me bloquait, et bien génial ! Je redeviendrais peut-être celle que j'étais. La gentille petite Victoria qui n'aurait rien d'autre à faire que de s'occuper de son mari.

     Bon, ça faisait combien de temps que j'étais ici ? J'allais pas passer ma nuit ici. Cette maison était plus que déprimante. Et dire qu'une famille vivait là. Comment s'imaginer qu'un couple, qui a sûrement fait des enfants, avait choisit cette maison pour y vivre leur vie. Bien sur, la maison datait, donc eux aussi, et elle ne devait sûrement pas être aussi flippante et délabrée que là. Au contraire, pour l'époque je l'imaginais très coquette. Quoi que, je ne sais même pas vraiment de quand elle datait cette demeure.
     Ça me fit penser à mon futur. Et plus particulièrement mon futur avec Stan. On se cherchait une maison rien que pour nous depuis des mois, et on ne trouvait rien car lui et moi étions trop exigeants. Je voulais absolument que la maison soit comme il le veuille, et lui voulait absolument que la maison ait ce que je veux. Mais dans les deux cas on voulait quand même que la maison soit comme on le veux nous-même. Plutôt compliqué à trouver pour le coup ! Soit il n'y avait pas assez de pièces pour qu'on y mette une salle de billard, une bibliothèque, etc.. Bref', il y avait toujours un soucis. Et avec les récents événements, on avait arrêtés de chercher. Ça m'étonnerait qu'il ait continué. Et avec le temps, on aurait sûrement des enfants. On ne se protégerait pas pendant un rapport, et je commencerais à avoir des nausées, e comprendrais que je suis enceinte, et je serais tellement déçue. Comment pouvait-on aimer être enceinte ? On gonflait, on mangerait tout le temps, on vomit aussi tout le temps. C'est horrible ! Ça dure neufs mois, et durant ces neufs mois, on a les hormones qui s'excitent et on change d'humeur encore plus vite qu'on change de coupe de cheveux ! On est désagréable avec les gens qu'on aime. On ne peut plus rien faire les derniers jours. Et ensuite vient le moment de l'accouchement où on souffre comme si on était en Enfers, tout ça pour expulser un bébé qui va être tout sale. C'est dégouttant ! Et qui n'arrêtera pas de pleurer durant des mois, excepté lorsqu'il mangera et qu'il dormira. Notre vie passera après celle du bébé et de son bonheur. On devra se comporter encore plus responsablement.
     Je n'ai pas hâte que ça arrive. Je veux profiter ma vie ! Passer 90 ans ou presque chez mes parents, sous leurs ordres et leurs règles, et seulement passer des vacances en dehors du lycée avec Stan. Ce n'est pas la vie de couple que je souhaite à vrai dire ! En fait, ce n'était pas la vie que je voulais même simplement pour moi toute seule. Passer ma vie chez mes parents, et dès que j'en sort je tombe enceinte ? Sans avoir profiter de ma liberté, sans m'être amusée comme il le fallait ? Nan merci, j'avais toujours aimé être le libre, dans le fond. Même si j'avais passé ma vie confinée chez mes parents, ou presque toute ma vie, j'aimais bien lorsque je sortais et que je faisais ce que je voulais. Toujours en respectant les limites de mes parents, mais bon. Maintenant je n'en n'aurais plus. Alors je pourrais vivre comme ça me chanterait ! Alors pourquoi aller m'emmerder à élever un gosse et abandonner mon envie de liberté pour changer des couches ? Nan merci.
     Et dire que c'étai ce qu'Angelina avait choisit ! Elle regretterait sûrement un jour. Elle qui est si contente d'être enceinte. µil ne me viendrait pas à l'esprit de faire un enfant alors que je ne suis pas depuis longtemps avec le père, et que je n'en suis pas mariée. Comment être sure qu'il ne me lâchera pas au dernier moment ? Ou alors quand il apprendrait que je suis enceinte ? Je n'aurais pas ce problème avec Stan. Depuis toujours il agissait dans mon intérêt, ou presque. Je savais que pour vivre il avait besoin de moi, comme moi j'avais besoin de lui pour le faire. Et puis, tan voulait des enfants, je le savais, mais il savait aussi que je n'en voulais pas. Quel enfant serait heureux avec une mère comme moi ? Une assassin, une meurtrière, trop exaspérante, qui n'arrivait qu'à se faire détester, même par ses proches. Quelle vie de rêve pour lui ! Et puis il serait humain, donc à la moindre tentation de sang, ou à la moindre faim, je pourrais le dévorer. Mon propre enfant ! Sortit de mon ventre après neufs mois, ma chère et mon sang. Il deviendrait ma proie. Non, trop risqué !
     J'entendis un gros boum, qu'est-ce qu'elle avait fait encore ? 

- Tout va bien ?, demandais-je, en haussant légèrement la voix, bien qu'elle m'aurait entendue.

     Bon, je ne voulais pas passer plus de temps ici. Mais j'allais quand même la prévenir. 

- Bon moi j'y vais. À plus.

     Pas de réponse ? C'était bizarre, avec son ouïe elle m'aurait forcément entendue à un moment ou à un autre. Je répétais, mais toujours rien. Sans trop m'inquiéter je montais à l'étage pour lui dire en face et vérifier que ça allait. Mais je ne vis pas ma maman brune.

- Angelina ?, demandais-je en arpentant le couloir, une main sur le mur que je faisais glisser au fur et à mesure que j'avançais. T'es là ?

     À moins qu'elle ne soit partie alors que j'étais en plein dans mes pensées, et donc que je n'ai pas entendus qu'elle était partie. Ou alors elle est partie sans rien dire, sans faire de bruit, pour ne pas me déranger, ou alors pour que je ne le sache pas. Elle était en droit de le faire. Elle avait le droit de m'en vouloir pour certaines paroles prononcées, ou pour le fait que je la virerais dès qu'elle serait avec Rebekah. Mais non, visiblement elle n'était pas là, bien que son odeur soit très présente ici, devant une porte. J'avais déjà essayé de l'ouvrir, en vain. Je n'avais jamais trop cherché.
     C'était bizarre, l'odeur d'Angy' était très présente ici, mais si elle était partie ça se serait propagé. Son odeur était présente, mais aussi celle du sang. Sang de vampire je dirais. Je me retournais pour sentir un peu mieux et vis une goutte sur la porte. Étrange. Je passais ma main dessus, et essayais d'ouvrir la porte.

- Angelina ?